Une collaboration internationale, le début d’une belle bio aventure
J’allais me plonger dans l’écriture de cet article lorsque j’ai appris une nouvelle un peu décevante. C’est un article qui se veut positif, qui est rempli d’espoir mais il faut néanmoins que je le débute par une note un peu négative même si on peut discerner dans cette nouvelle les prémices de futurs réformes bénéfiques. Espérons juste que ce soit dans un avenir proche.
Alors, avant d’attaquer le partage de mon article sur cette fameuse bio aventure, voici en quelques mots les causes de mon “spleen” matinal.
Il y a peu, grande nouvelle : le gouvernement thaïlandais interdit l’utilisation du glyphosate et quelques autres pesticides. Annonce récente et mise en application très rapide. Hélas, application de courte durée, le gouvernement ayant du faire marche arrière suite à la pression des lobbies et au coup de gueule des agriculteurs.
C’est une déception mais en même temps une petite lueur d’espoir quand à une volonté gouvernementale de mettre fin à l’utilisation de produits chimiques dont les effets désastreux sur la nature et notre santé ne sont plus à prouver. Le tout est de voir comment faire passer cette nouvelle réglementation. Assurément pas de manière aussi abrupte mais plutôt en expliquant, en éduquant, en offrant de nouvelles perspectives agricoles,…
Oui le gouvernement a reculé mais il n’a pas abandonné. Je reste dès lors persuadé que ce que je vais vous narrer ici plus bas revêt toute son importance. Je perçois chaque jour davantage la nécessité d’un travail d’éducation et de formation nécessaires à une transition vers des modes de culture plus respectueux de la nature, de ses cycles, de ses besoins, de ses capacités,…
Les prémices de notre bio aventure
Vous vous en rappelez peut être, du moins pour ceux qui suivent mes élans littéraires sur ce blog, nous avions le projet d’un potager à l’école. J’emploie volontairement le “nous” car cette magnifique bio aventure n’aurait pas été possible sans l’étroite collaboration de divers acteurs répartis sur deux continents.
Donc j’avais fait un article il y a quelques mois qui expliquait ce projet de potager à l’école.
Alors, plantons rapidement le décor : pas loin de notre ferme organique, l’école du village. Une petite école presque familiale, où chacun se connaît, où les maîtres ont grandi et fréquenté les bancs de cette école avec les parents de leurs élèves, où les enfants se côtoient depuis leurs plus tendre enfance,…
Dans cette école pas de cour en béton, pas d’espaces bitumés mais au contraire quelques beaux espaces où la nature vit et croît au rythme des coupes et des nettoyages sommaires lorsque celle ci se fait trop exubérante, trop envahissante.
L’école semble figée dans le temps. Durant les vacances, devant les bâtiments vides, on a l’impression d’entendre les cris et les rires des enfants, comme si la brise transportait les souvenirs des générations qui se sont succédées derrière ces vieux pupitres en bois. Attenant aux salles de cours, un espace cuisine, un lieu sommaire où l’on prépare les repas des enfants avec les moyens du bord. Attention, quand je dis les moyens du bord je ne fais pas allusion aux casseroles noircies par les flammes d’un feu de bois ou d’un seau à charbon de bois. Non je parle des produits qui sont achetés sur le marché local, tous ces légumes dont une bonne partie sont issus d’une agriculture intensive, ces fruits et légumes provenant de Chine, ces aliments sans saveur, sans vitamine et perclus de produits chimiques dont on ne sait rien.
Peu à peu, avec le temps, nous avons sympathisé avec les gens du village et bien sûr les enseignants de cette école toute proche. Ils sont venus nous rendre visite à notre ferme et, comme de plus en plus de personnes des environs, se sont intéressés à notre concept de permaculture, de culture biologique,… Ils ont beau être enseignants ils sont tous issus de familles paysannes, certains aident même régulièrement leur famille aux champs dès qu’ils ont du temps libre.
Et voilà comment, de visite en visite, des liens se sont tissés et une idée à germé, telle une graine d’espoir dans un terreau de bonnes volontés. ( whaowwww là je suis bon pour le Goncourt… ) : Pourquoi ne pas créer des potagers bio dans les espaces inutilisés de l’école ? Quel merveilleux outil didactique pour enseigner la bio, les cycles de la nature et surtout sensibiliser nos nouvelles générations aux bienfaits de produits sains ? Et bien sûr quoi de plus motivant que de voir pousser ce que l’on va pouvoir ensuite déguster ? De quoi améliorer de manière assez conséquente les repas de l’école, non seulement sans que cela ne coute de l’argent mais de plus en permettant d’en économiser.
Et voilà, comment ont été posées les bases de cette bio aventure mais, comme vous allez le voir ci dessous, ce n’était que la première étape de ce projet qui allait peu à peu faire place à une collaboration internationale.
Graines de star
Non nous n’avons pas remplacé ce projet de potager par un concours de chants. Quand je parle de “graines de star” je fais allusion aux champs, pas au chant ( bon là c’est plus du niveau carambar que Goncourt, je le conçois ).
Là aussi j’en avais déjà parlé dans un autre article, lorsque je parlais des graines. Bon, je vais sans doute le répéter, désolé pour ceux qui ont déjà assimilé l’information, mais à quoi bon vouloir faire du bio et d’opter pour des produits sains et naturels si vous optez dès le départ pour des graines achetées dans le commerce. Mais oui, vous savez, ces fameuses graines hybrides, ces mutants de l’agriculture. Ces graines qui vous donnent des légumes qui souvent ne ressemblent en rien aux produits d’antan, que ce soit pour la forme, les couleurs, la saveurs et bien sûr les qualités nutritives. Ces légumes dont vous récupérez benoîtement les graines en espérant refaire de nouvelles plantations. Peine perdue, vous n’aurez alors que des résultats atrophiés, des monstres légumineux rachitiques faisant ressembler votre potager à un espace alimentaire post apocalyptique.
En fait notre idée de potager bio à l’école aurait été incomplet et d’un intérêt moindre si nous n’avions pas eu le soutien de Kokopelli. Je ne vais pas refaire toute l’histoire de cette organisme d’utilité plus que publique, j’ai déjà fait tout un article là dessus, article que je vous recommande chaudement de lire afin d’en savoir plus sur association que je qualifierais de vitale pour notre avenir commun. Kokopelli supporte, via sa campagne « Semences Sans Frontières« , de nombreux projets à travers le monde, préservant et distribuant des graines bio, libres de droits et reproductibles. Oui, vous avez bien lu, les graines sont reproductibles, comme l’étaient les fruits et légumes de nos anciens. Plus besoin d’acheter des graines après chaque récolte, des graines donnant des hybrides de fruits et légumes. Vous pouvez désormais planter et récolter des légumes sains, naturels, et en récolter les graines afin de recommencer vos plantations.
Vous aurez sans doute déjà deviner les autres intérêts de ce potager à l’école, vous aurez certainement compris que cela va bien au-delà de la simple éducation des enfants et de l’amélioration de leurs repas scolaires.
Comme vous vous en doutez, la promiscuité de l’école avec la vie du village permettra de faire découvrir le concept des potagers bio aux fermiers des environs. Ils pourront voir, toucher et goûter, faire la différence avec les produits importés qu’on leurs imposent un peu plus chaque jour. Nombreux sont ceux qui récupéreront avec plaisir les graines de ces légumes sains afin de recopier chez eux le principe du potager de l’école, aidé en cela par leurs enfants qui auront suivi toute la formation. Un bel échange inter générations.
Déjà à ce jour quelques fermiers ont pour habitude de ralentir lorsqu’ils empruntent la route qui borde nos potagers. Regards peu discrets, certains s’arrêtant même carrément pour discuter entre eux, pointant du doigt telle ou telle parcelle de nos potagers. Malheureusement rares sont ceux qui osent venir jusqu’à nous, sans doute bloqué par les “farangs” qui travaillent entre les sillons de légumes, probablement gênés qu’ils sont de ne pas pouvoir parler notre langue et de pouvoir communiquer.
Mais en transposant le concept des potagers dans un espace qu’ils connaissent et auquel ils ont accès, grâce aux échanges qu’ils ont avec les enseignants et les enfants de l’école, alors gageons que nous aurons posé les premiers jalons pour une agriculture plus saine et respectueuse.
Une solidarité internationale inattendue
Bon je l’avoue, cet article n’a pas été rédigé d’une traite, pas toujours le temps de me pencher sur ma plume numérique d’autant plus que notre ferme connait un succès croissant. Ceux qui nous suivent via notre page Facebook on pu le remarquer. Nos stages rencontrent de plus en plus de succès et cela va aller en s’amplifiant avec la venue d’une nouvelle équipe de professionnels francophones de la permaculture, des formateurs qui cultivent, outre les légumes, notre art de vivre. Mais je n’en dis pas plus, je m’épancherai sur cela dans un tout prochain article.
Au passage, tous les articles de ce blog sont systématiquement partagés sur notre page Facebook, n’hésitez donc pas à vous inscrire à cette dernière et à la suivre régulièrement.
Mais revenons à cette solidarité et aux surprises, agréables, que cela nous a réservé.
Bon, je sais qu’elles vont m’en vouloir un peu mais je ne pouvais pas rédiger cet article sans mentionner également les noms d’Alexandra Rouger et de Christelle Marcille de l’association Consart. Ensemble, et grâce à la gentillesse et à la gentillesse des donateurs, l”association a récolté 1.200 euros de dons. Autant vous dire que le directeur de l’école est tombé des nues en apprenant cette nouvelle et a enfin pu concrétiser un rêve tout simple qu’il caressait depuis longtemps pour son petit établissement : acheter des tables et des chaises pour le réfectoire de l’école. Oui, vous avez bien entendu, grâce aux dons récoltés les enfants pourront dorénavant manger leurs nouveaux produits bios dans des conditions de confort et d’hygiène dignes de ce nom, fini de s’assoir de ci de là avec une assiette posée sur les jambes quand ce n’est pas à même le sol.
Non seulement cette somme permet désormais aux enfants de manger dans de bonnes conditions ( imaginez ces dernières lors de la saison des pluies ) mais également d’acheter du matériel pour le potager, matériel d’irrigation entre autres.
Pardon, vous pensez que c’est tout ? Et bien pour être honnête nous le pensions également mais que serait une bio aventure sans surprises ? Non seulement Alexandra et Cristelle arrivaient avec des dons financiers ( la campagne de dons est finie mais n’hésitez pas à visiter le site de l’association, il y a d’autres projets. Je vais de toute façon en toucher deux ou trois mots ici plus bas. ) mais de plus elles amènent dans leurs bagages quantité de graines issus de la boutique de Rachel et Pascal Pot. Ce sont des graines produites en bio, en plein air et sélectionnées pour leurs qualités nutritionnelles, leurs qualité gustatives, leurs résistances aux maladies, à la sécheresse aux excès d’humidités ainsi que pour leur productivité depuis plus de vingt ans.
Avant de clore ce chapitre, bien trop court par rapport à ce qu’à permis cette magnifique initiative, quelques mots sur l’association Consart.
L’association Consart a pour objectif d’apporter un soutien aux projets d’action sociale en faveur des enfants et personnes en difficultés, en France et dans le Monde.
Consart est une association de loi 1901 né 2005
Depuis 2005, Consart a organisée des campagnes de soutiens
– Au profit des enfants accueillis par l’association « krousar-thmey » à Siem-Reap au Cambodge
– Pour la rénovation d’une maison d’enfants en Equateur au coté de la fondation « ATAMAN » et « d’action pour les enfants des andes »
– Au profit des enfants accueillis par l’ONG « Sinjiya-ton Mali » à Bamako/Mali
– Au profit l’association « Une chorba pour tous », de leur action auprès des personnes sans domicile fixe et de la distribution de repas chaud dans les rues de Paris.
Le devenir des potagers à l’école de notre bio aventure
A ce jour nous avons mis en place une trentaine de buttes et à la réponse de savoir si les graines issues de chez Kokopelli allaient s’adapter au climat du nord-est de la Thaïlande, la réponse est oui. Que dis-je !!!! La réponse est un grand oui, un énorme oui, un oui gustatif, un oui reproductif, un oui bio.
Pour ce qui est du projet de permettre aux enfants de manger sainement, de manière plus variée et d’avoir un outil pédagogique à disposition pour les enseignants, et bien ce n’est que la partie émergée du succès de cette aventure bio. Ceux qui sont venus, et ceux qui continuent à participer à ce projet, pourront vous confirmer qu’il y a une dimension humaine qui va bien au delà de la conception rationnelle d’un projet d’une telle dimension. Des enfants qui vous saluent dans la rue, qui courent vers vous quand vous arrivez à l’école, des enseignants et le directeur de l’établissement qui passent régulièrement à la ferme, des liens qui se tissent et des échanges qui se créent, malgré la barrière de la langue, entre les woofers et les enfants, entre nos visiteurs et les gens du village ou de l’école, voilà l’autre visage de ce projet de potagers à l’école.
Potager à l’école : conclusions
Pour être franc, je n’aime pas trop le terme « conclusion ». Ce projet est loin d’être fini, il fait même partie intégrante de nos activités de woofing en Thaïlande. En effet, tous les mercredis nous allons avec nos visiteurs sur les potagers de l’école pour superviser, échanger, participer. Pour la saison des pluies nous avons prévu de planter quelques arbres fruitiers.
Comme je l’ai dit plus haut, les graines de Kokopelli se sont très bien adaptées, les légumes poussent, les buttes se drapent de vert et s’étoffent, les résultats sont visibles et plus qu’encourageants. Et puis, comme dans tout petit village qui se respectent, les gens parlent, communiquent. Le succès de ce potager à l’école est un des éléments qui peut faire évoluer les mentalités des fermiers locaux et les pousser peu à peu à abandonner leurs cultures chimiques et polluantes.
En tout état de cause, ce projet aurait été impossible sans l’aide, le concours et la participation de tous, associations, donateurs, woofers, visiteurs, enseignants,… issus de tous horizons. Oui, une belle solidarité internationale, une magnifique bio aventure qui continue.
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