Survivre en Thaïlande, voilà assurément un titre qui va attirer une faune de lecteurs minoritaires qui risquent d’être déçus. Alors je préfère le dire dès maintenant, vautours de la toile qui vous vous régalez du malheur d’autrui, vous qui festoyez des échecs, des chagrins et des déconvenues, passez votre chemin, ce qui suit vous laissera assurément sur votre faim.
De la bouteille à l’herbe
Encore là ? C’est l’association du titre “survivre en Thaïlande” et du terme “De la bouteille à l’herbe” qui vous fait saliver ? Désolé, fausse pioche, non je ne suis pas passé d’alcoolique à toxicomane. C’est juste la présentation du parcours de mes dernières années. De la bouteille, j’étais moniteur de plongée sous marine, à l’herbe, symbole de mon passage à l’agriculture, et plus particulièrement la culture organique, la permaculture, la production bio.
En fait tout a commencé par une visite chez un docteur et une annonce qui allait bouleverser ma vie. Problème de poumon, je ne peux plus continuer de vivre de ma passion, la plongée sous marine. J’avoue que j’ai assez mal pris cette nouvelle, j’ignorais alors que ce malheur était la clé de mon bonheur, la clé d’une porte s’ouvrant sur un nouvel avenir, sur des prises de conscience, sur un autre mode de vie, sur de nouvelles rencontres.
Me voilà donc loin de mon monde sous marin, de ces eaux limpides ou de ces bleus profonds et insondables. Après un passage en Australie, les couleurs d’azures font bientôt place aux ocres terreux et aux verts tendres, la houle des mers du sud fait place aux ondulations du riz en fleurs. Bienvenue en Issan, point de départ d’une nouvelle vie avec Aun, la merveilleuse femme qui partage ma vie depuis quelques années déjà.
Similaire mais tellement différent
“Same same but different” comme on dit ici au pays du sourire. A la base un rêve un peu similaire à celui que font nombre de personnes. Une parcelle de terre à cultiver, une maison dans un coin tranquille et préservé, une vie saine et sereine sous les latitudes tropicales. Mais bon, la parcelle est loin d’être petite, nous avons quelques hectares sur laquelle nous avons construis notre maison et prévu de quoi recevoir des amis. A la base tout semble parfait, les parcelles de riz, les légumes, plan d’eau pour les poissons, plantation des premiers arbres,… Tout irait pour le mieux si nous vivions dans notre petite bulle mais c’est loin d’être le cas. Comment ne pas réagir et être inquiet quand on voit les agriculteurs du coin arroser généreusement de pesticides leurs plantations ? Comment ne pas être alarmé quand on constate que près de la moitié des légumes vendus sur les marchés locaux dépassent les normes autorisées quand aux produits chimiques ? Comment ne pas frémir en regardant les informations et son lot de catastrophes écologiques, en constatant l’emprise des multinationales sur nos vies, réglementant ce que nous allons manger, s’appropriant les semences, influant sur les politiques pour engranger des profits immense au détriment de la survie de l’humanité, éradiquant des espèces, rasant des lieux vitaux.
J’avoue que très rapidement le besoin de produire des légumes sains a vu le jour. Comment passer à côté d’une telle opportunité ? Comment refuser ce privilège qui est inaccessible à tant de personnes. Produire sa propre alimentation, de manière naturelle et bio, ne plus avoir à s’empoisonner , gagner son autonomie alimentaire. Devenir autosuffisant… Ce mot à résonné en moi comme une certitude, une nécessité, une opportunité de quitter cette filière alimentaire malmenée, trafiquée, empoisonnée et cancérigène. Face à ces agressions il était temps de mettre en place une stratégie pour survivre en Thaïlande.
Nous avions toutes les cartes en main : des terres, des connaissances en agriculture biologique, un puits, des logements,… place à notre projet.
Un projet écologique qui mûrit sainement, une idée bio en quelque sorte
Dire que les débuts furent laborieux serait faux, il fallait juste que l’on trouve nos marques, que nous trouvions le meilleur axe afin d’évoluer en harmonie avec nos convictions.
Bon, je l’avoue, je passe beaucoup trop de temps sur internet. Quoi que je me suis amélioré ces dernières années mais il faut dire que nos activités sont prenantes et passionnantes, le monde virtuel est tout de suite moins attractif du coup. Toujours est il que ces longues heures d’errances et de recherches sur la toile m’ont fait prendre conscience que j’étais loin d’être le seul à désirer un mode de vie sain et plus en harmonie avec la nature. Disons que contrairement à la majorité j’ai la chance d’avoir toutes les cartes en main afin de réaliser cet objectif.
Autre constat, non seulement nombre de gens n’ont pas les espaces nécessaires pour leurs envies mais surtout, ils n’ont pas les connaissances. A quoi bon en effet acquérir du terrain, que ce soit ici ou ailleurs peu importe, si on n’a pas une maitrise minimum, si on n’a pas les bases nécessaires ?
De surf en recherches, de site en forum, de blog en réseaux sociaux, je découvre peu à peu le concept du woofing. Je “flashe” littéralement sur l’ idée, j’adhère totalement à ce concept qui me permettra de partager mes passions, de faire découvrir mon Issan authentique, d’offrir à chacun l’opportunité de tester un mode de vie qui les attire, de voir si leurs rêves et espoirs sont réalisables. Le woofing est né à la Suwan Organic Farmstay, un beau succès pour ce tourisme instructif d’immersion qui se confirme d’année en année.
L’autosuffisance, est ce bien suffisant pour survivre en Thaïlande ?
Un des objectifs de notre ferme organique est depuis toujours l’autosuffisance. Nous atteignons régulièrement cette dernière sur certaine récolte, nous avons même des surplus que nous distribuons à une école toute proche. L’occasion d’améliorer les repas quotidiens avec des produits sains. Cette école va d’ailleurs bénéficier d’un nouveau projet que nous avons mis sur pied avec les enseignants locaux, à savoir un potager bio. J’en parle dans cet article. J’en profite au passage pour remercier de nouveau Kokopelli pour les semences qu’ils nous font parvenir, semences bio et reproductibles que je présente dans cet article.
Mais revenons un peu à l’autosuffisance. Dès que l’on parle de cela les gens pensent tout de suite à la nourriture, à l’autosuffisance alimentaire. Nous avions le même schéma de pensées avant et, heureusement, nous continuons à évoluer dans ce nouveau mode de vie plus proche de la nature. L’acquisition dernièrement d’un métier à tisser va d’ailleurs dans le sens de cette réflexion.Certes nous ne deviendront pas totalement autonome vestimentairement parlant mais c’est déjà un premier pas. Et pourquoi pas, pour la suite, un élevage de ver à soie ? Il faudra que j’y réfléchisse.
Mais évolution de notre ferme organique en Thaïlande ne cesse d’évoluer et va proposer, sous peu, de nouveaux ateliers. Je vous conseille d’ailleurs, à tous ceux qui voudraient être mis au courant de nos nouveautés de s’inscrire sur notre page Facebook, vous y trouverez quantité de photos et de mises à jour.
Vous en rêviez, nous allons le faire
Avouez que vous avez déjà fantasmer là dessus, un peu comme une version des Robinson des mers du sud où vous débarquez sur un lieu préservé et mettez toutes les ressources naturelles à votre disposition. Et bien réjouissez vous, nous allons bientôt mettre en place des stages. Rassurez vous, notre concept du woofing reste d’actualité.
D’abord, organisation de stages de permaculture. Pas une simple approche, pas une immersion mais un apprentissage concret qui vous donnera les premières bases de cette technique agricole bio. Exploiter au mieux les ressources naturelles et en tirer pleinement parti sans altérer la terre nourricière.
Ensuite, et les photos qui se trouvent en bas de l’article sont assez parlantes, tirer parti des ressources naturelles pour construire sa maison. Les formations débuteront sous peu, nous mettons en place les derniers détails techniques. Une fois encore, si cela vous intéresse, n’hésitez pas à vous inscrire sur notre page Facebook.
Allez, laissez vagabonder un peu votre esprit, imaginez un bel espace naturel où vous aménagerez un plan d’eau pour vos poissons. Des potagers où poussent des légumes savoureux sans le moindre produit chimique, des arbres fruitiers, des tunnels de fruits de la passions, un coin avec quelques poules et des oeufs frais. Quelques manguiers pour que les orchidées fleurissent à l’ombre, des massifs de bambous pour déguster leurs pousses et les utiliser pour la construction. Et puis votre maison, construite brique par brique avec la terre de votre terrain. Un four à pain aussi, un carbet ombragé où faire la sieste dans un hamac fraichement tissé sur votre métier.
J’ai déjà fait ce genre de rêve, à une époque où je ne connaissais pas la Thaïlande, où l’on découvrait le mot “écologie” et où on associait ce terme à des doux rêves un peu baba cool.
Mais pourquoi je parle de survivre en Thaïlande ?
Vous l’aurez assurément compris, il ne s’agit pas de survivre en Thaïlande comme si ce dernier était un pays pauvre et sans ressource, ce serait même plutôt l’inverse. Alors je parle de survie car nous sommes à une époque où nos choix et lieux de vie peuvent influer sur notre santé et notre avenir. Je ne veux plus vivre, évoluer et manger dans un espace qui me condamne irrémédiablement, moi et ma famille. Je ne veux pas être obligé d’ingurgiter du poison à longueur de repas, je ne veux pas engraisser des grandes distributions, je ne veux pas manger des fraises fabriquées avec des pommes et des additifs, je ne veux plus des édulcorants, des émulsifiants, colorants, conservateurs et autres produits chimiques. Je désire que mes enfants grandissent sur une terre saine, qu’ils connaissent la vraie saveur des choses, qu’ils consomment selon les saisons. J’ai décidé de me protéger au mieux de toutes les agressions artificielles et chimiques qui ont envahi notre quotidien, j’ai décidé de survivre dans un espace partiellement préservé alors que d’autres n’ont pas le choix et sont condamnés à subir. Je veux partager mes expériences, ouvrir des pistes de réflexion et peut être ainsi donner l’élan nécessaire à tous ceux qui pourraient se dire que ce beau rêve peut devenir réalité.
Survivre en Thaïlande, c’est la plus belle chose qui me soit arrivé, c’est le “pire” que je vous souhaite.
Crédit des photos ci-dessous : Omsunisa Jamwiset et Tom Deiters qui sont tout deux nos nouveaux formateurs pour la permaculture et la construction de maisons en matériaux naturels. Bientôt un article pour présenter ces nouveaux stages et bien sûr toutes les informations et autres partages sur notre page facebook.
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Bonjour,
magnifique et bien écris
je n’est pas ton niveau d’écriture
mais la meme passion et nous avons la maison et les terres a 15 km de Khon-Kaen
jusqu’à maintenant que 3 mois par an, mais ma décision est prise pour notre installation définitive
je vais me plonger « sans bouteilles » dans la lecture de ton site
cordialement
Christian
Merci Christian, cher voisin de l’Issan, Khon Kaen est relativement proche d’Udon Thani et de Nong Khaï finalement.
Content que vous puissiez opter pour une installation définitive, le départ d’une nouvelle étape de vie.
Au plaisir de vous rencontrer à l’occasion sur notre ferme et d’ici là, bonne lecture.
Salutations cordiales et tropicales
Manu
C’est mon rêve aussi de pouvoir vivre en Thaïlande et y posséder un terrain avec maison.
Je voudrais vous rencontrer et apprendre auprès de vous.
La nature et nous faisons UN
Romain
Oui en effet de plus en plus de gens ont ce rêve d’une vie meilleure au pays du sourire, une vie basée sur des valeurs disparaissant ou ayant disparu des contrées du vieux continent. J’ai de plus en plus de woofers ou de clients qui passent quelques temps dans notre ferme organique fin de tâter un peu du terrain. Et gageons que ce nombre augmentera dès lors que nous aurons mis en place nos stages de permaculture et de construction de maison à partir d’éléments naturels.
bonjour des que je peux je vais venir vous rencontrer… c est un espoir que je ne vais pas perdre!!! merci à vous martine
Bonjour Martine, désolé pour la réponse tardive, beaucoup de formations ces derniers temps. N’hésitez pas à me contacter via mon émail ou la page contact de ce site, je suis beaucoup plus réactif par courrier électronique.